PARTIE II - LA REALISATION DES TIMBRES-POSTE
2.1. Impression des timbres-poste
2.1.3. Timbres-postes gommés imprimés en Héliogravure



2.1.3.1. Mode d'impression des timbres-poste

L'héliogravure est un procédé d'impression dérivé de la taille-douce qui a recourt à la technique de la reproduction photochimique.

Le "poinçon" est généralement réalisé d'après une photo de la maquette créée par le concepteur du timbre à laquelle sont rajoutées les mentions complémentaires (Pays, La Poste, signature, faciale, ...). Cette maquette peut être réalisée directement sur informatique.


(Maquette du timbre « Mozart 1756-1791 » réalisée par Philippe Favier à l'encre de chine et au crayon de couleur)
(Maquette de 11.5 cm x 12 cm approuvée le 08.02.91)
(Source : Copyright Collection Musée de La Poste / La Poste)
(N° d'inventaire : MP AT 992.1195)


(Timbre final avec mise en page des mentions complémetaires de Charles Bridoux)


Dans un premier temps il est procédé à la photographie du document à reproduire pour sélectionner les couleurs.


(Photographie du document)
(Source : Documentation ITVF)

Cette phase la sélection des couleurs à imprimer est effectuée avec la mise en place devant l'objectif de filtres colorés.

Filtres
Négatifs
Bleau violacé
Jaune
Rouge orangé
Cyan ou bleu verdâtre
Vert
Magenta ou rouge violacé
Jaune
Noir

Depuis 1991, la sélection des couleurs de l'image est obtenue sur un scanner qui permet de restituer le plus fidèlement possible l'oeuvre du créateur.


(Scanner à tambour rotatif assurant la sélection des couleurs)
(Source : Documentation ITVF)

Des retouches sur les négatifs et les positifs obtenus sont ensuite exécutées dans un format égal à 3 ou 4 fois le format définitif du timbre-poste à réaliser.

Des négatifs réduits au format du timbre tirés des différents négatifs sont placés dans une machine à multiplier après ajout des textes complémentaires pour obtenir des épreuves positives d'une feuille complète. Il est réalisé autant d'épreuves qu'il y a de couleurs à imprimer.


(Répétition des copies des négatifs)
(Source : Documentation ITVF)

Les négatifs sont placés sur un châssis pneumatique en contact avec un papier enduit de gélatine sensibilisé au bichromate appelé "papier-charbon" puis insolés (exposition à la lumière vive et uniforme de lampes halogènes) pour durcir la gélatine à travers les parties transparentes du film positif.


(Chassis pneumatique)
(Source : Documentation ITVF)

Au préalable, le "papier-charbon" avait reçu lui-même une copie de la trame d'héliogravure, (en verre formée de petites surfaces noires de forme carrée délimitées par des lignes transparentes gravées) donnant un quadrillage régulier et dense.


(Copie de la trame hélio sur le "papier-charbon")
(Source : Documentation ITVF)

A l'issue de cette étape, le document original se trouve sur le "papier-charbon" divisé en de multiples petits carrés (jusqu'à 10000 petits carrés au cm²).
Le support papier est désormais remplacé par un support plastifié moins sensible aux variations hygrométriques.

Le "papier-charbon" est ensuite enroulé sur un cylindre recouvert d'une pellicule de cuivre, poli et dégraissé et contre lequel sous un filet d'eau, il est fortement appliqué, face sensible contre métal.


(Enroulage du "papier-charbon" sur un cylindre cuivré)
(Source : Documentation ITVF)

La gélatine non tannée est par la suite dissoute à l'eau chaude, c'est l'opération de dépouillement.


(Dépouillement à l'eau chaude)
(Source : Documentation ITVF)

A l'issue de cette phase le cylindre laisse apparaître l'image définitive quadrillée avec ses ombres et des lumières comme le ferait une décalcomanie.

Avant la gravure, il est procédé au bouchage des surfaces à préserver (espaces entre les timbres, marges,…) au pinceau enduit de bitume de Judée (vernis de couleur noire).


(Bouchage des surfaces à préserver au bitume de Judée)
(Source : Documentation ITVF)

Le cylindre est issu d'une gravure chimique. En effet le cylindre en cuivre est soumis à des solutions acides (perchlorure de fer) de concentration décroissante pour obtenir des morsures.
Lors du premier bain, le plus concentré, les alvéoles dégarnies de gélatine subissent l'attaque de l'acide. Ces zones constitueront " les noirs " c'est-à-dire les endroits où la couleur sera la plus intense, l'intensité comme en taille-douce dépendant de la profondeur des tailles.
Les morsures suivantes effectuées avec des acides de densité plus faible donnent " des gris " avec des teintes plus claires.

La machine utilisée pour graver les cylindres à l'atelier de photogravure permet:
- une gravure à bain unique
- une gravure à bains multiples.


(Gravure chimique du cylindre bouché de toutes les surfaces à préserver)
(Source : Documentation ITVF)

Désormais les cylindres de cuivre sont gravés à l’aide d’une pointe en diamant.


(Gravure sur cuivre d'un cylindre hélio à l'aide d'une pointe en diamant qui vient percuter le cuivre)
(Photo provenant du livre « Le timbre-poste français - Impressions Expressions » édité par La Poste)

Comme pour les autres cylindres taille-douce un revêtement de chrome est ajouté sur le cylindre de cuivre.


(Cuivrage du cylindre Hélio)
(Source : Documentation ITVF)

En Héliogravure il faut fabriquer autant de cylindres qu’il y a de couleurs sur la figurine à imprimer. Les couleurs secondaires sont obtenues par superposition.


(Source : Site www.coppoweb.com)


Le processus de validation est identique à l'impression en taille-douce avec un bon à tirer avec mention des caractéristiques des paramètres d'impression.


(Bon à mettre sur machine du 10.11.97 du timbre « Coupe du Monde de Football » émis le 28.02.98 en feuille)
(Dessinateur/Metteur en page : L. Briat)
(Source : Copyright Coll. L'Adresse Musée de La Poste, Paris / La Poste)
(N° d'inventaire : PO AT 998.110)


(Bon pour clicherie du 27.07.99 du bloc-feuillet « Coupe du Monde de Rugby » émis le 11.09.99)
(Création de l’agence Desdoigts et associés)
(Source : Copyright Coll. L'Adresse Musée de La Poste, Paris / La Poste)
(N° d'inventaire : 2001.143.410)


Lors de l’impression, le papier gommé passe successivement sous chacun des cylindres (maximum 6) fixés sur la rotative, dont les alvéoles gravées sont remplies d’encre.


(Presse rotative Chambon avec 6 éléments)
(Source : Documentation ITVF)


(Schéma d'une presse Hélio avec 6 éléments)


(Presse rotative Hélio 10 couleurs HEL-307 avec le bloc n°10 réservé à l'impression des bandes phosphorescentes)
(Source : Documentation ITVF)


(Presse rotative Hélio 10 couleurs HEL-307 - Détail du bloc d'impression n°7)
(Source : Documentation ITVF)


(Presse rotative Hélio 10 couleurs HEL-307 coté bobine de papier)
(Source : Documentation ITVF)

Ci-dessous, un des réservoirs d'encre avec un viscosimètre, tenu par le technicien, qui permet de mesurer la fluidité de l'encre en chronométrant le temps nécessaire pour qu'il se vide.
En fonction du temps il peut être rajouté de l'eau puisque l'encre a tendance à s'épaissir


(Source : Documentation ITVF)


(Feuillet gommé inséré dans le livre « Le timbre-poste français - Impressions Expressions » édité par La Poste)

Dans le cas présent 4 couleurs (bleu, rouge, jaune et noir) ont été utilisées avec leurs dégradés pour réaliser le timbre.

Les alvéoles les plus creuses qui reçoivent plus d’encre donnent une couleur plus intense.


(Source : Documentation ITVF)

Cette technique reste le mode d’impression privilégié pour les timbres commémoratifs et de collection en raison de son prix de revient et du temps réduit nécessaire pour concevoir et fabriquer le timbre.

En héliogravure le papier doit être très lisse sans petites cuvettes microscopiques qui ne vont pas récupérer l'encre dans les points de trames du cylindre Hélio gravé à 3 ou 4 microns de profondeur.


(Détail d'une impression en Héliogravure)


(Détail Héliogravure x200)



2.1.3.2. Mode d'impression des bandes phosphorescentes

Les premiers timbres en héliogravure avec des bandes phosphorescentes ont été imprimés avec une encre grasse sur bloc d'impression typographique comme pour les timbres imprimés en Taille-Douce.

Rapidement, les bandes ont été imprimées directement sur la presse Hélio, sans sur-impression, avec une encre phospho à l'eau séchée à l'air avec un cliché Hélio.

 


2.1.3.3. Les différents repères de couleur

Sur les Bords de Feuille (BdF) sont imprimés des repères de couleur.

Sur ces repères sont reprises:

- les couleurs primaires

- le cyan (bleu)
- le magenta (rouge)
- le yellow (jaune)
- le noir

- les dérivés des couleurs primaires

En plus de ces couleurs nous pouvons observer à la lampe U.V des repères phosphorescents, l’encre phosphorescente étant considérée comme une couleur.

L'utilisation des repères permet un réglage longitudinal et latéral.

Nous pouvons rencontrer 3 types de repères :

- les BOBST qui sont utilisés pour contrôler la synchronisation des couleurs, l'élongation du papier, le positionnement des bandes phosphorescentes, la perforation et la découpe du papier.


Présentation à la taille réelle. Les repères phosphorescents sont marqués.

- les carrés qui servent à vérifier l'alignement des différentes couleurs les unes par rapport aux autres. Les carrés de couleurs peuvent permettre un suivi de la densité de l’encre.

Les carrés phosphorescents matérialisent l'encre phosphorescente qui est considérée comme une encre à part entière, celle-ci remplaçant une couleur dans les encriers d'encre primaire en Héliogravure.

- les croix qui permettent le calage de plusieurs couleurs. Le calage est effectué manuellement par un opérateur.


(Détail des chevauchements des croix)


Les repères phosphorescents ne sont visibles que sur les impressions en Héliogravure (HEL). Le positionnement varie en fonction des émissions.

Sur les impressions en Taille-Douce seuls les BOBST de couleur sont utilisés.